Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Recension « A la droite d’Hitler. Mémoires 1937-1945 » de Nicolaus von Below

La relation de la collaboration étroite entre un jeune officier et le dictateur nazi.

Nicolaus von Below, A la droite d’Hitler. Mémoires 1937-1945, Perrin, 2019, 574 pages

Un très belle initiative de Perrin que cette traduction des mémoires de Nicolaus von Below, aide de camp de Hitler. Le texte est introduit par Jean Lopez et annoté avec bonheur par le traducteur, Denis-Armand Canal, ce qui permet au lecteur de disposer des éléments nécessaires à la compréhension des événements et surtout des personnages évoqués par Below. L’ouvrage, fort intéressant, m’a laissé une impression de malaise, comme toujours lorsque j’approche l’intimité d’Adolf Hitler, mais il m’a captivé. Nous avons là la relation de la collaboration étroite entre un jeune officier et le dictateur nazi sur huit années. Below admirait le Führer, qui semble l’apprécier tout particulièrement. On découvre un Hitler affable, amical, capable d’écouter, prompt à se remettre en cause et faisant preuve de discernement: bref, tout le contrire de ce qu’on lit le plus souvent… Vient à l’idée l’antienne qui fût celle de tant de peuples de tout temps et sous toutes les latitudes: le « maître » ne peut pas se tromper, mais ses conseillers et les hauts responsables sont les véritables fautifs… C’est probablement ce que ressentait Below, qui ne masque pas son admiration pour le Führer. On est surpris par le franc-parler qui aurait été le sien sur les sujets les plus sensibles. Le grand intérêt de l’ouvrage est de découvrir la vie quotidienne dans l’entourage de Hitler, à la chancellerie, au Berghof, mais aussi à la Wolfsschanze et dans tous les quartiers-généraux que le dictateur a occupé, y compris son train spécial « Amerika ». Je partage l’opinion formulée par Jean Lopez dans l’introduction: les lignes consacrées aux journées précédant l’entrée en guerre en 1939 sont particulièrement instructives. La période des années 1930, largement couverte, est sans doute la plus passionnante. Le propos de Below, aide de camp de la Luftwaffe, insiste fort logiquement sur ce qui a trait aux forces aériennes du Reich. Le lecteur découvrira la version de Below sur la façon dont Hitler et son entourage ont vécu les grands événements de la guerre, de la bataille d’Angleterre à l’effondrement du Reich en passant par la rencontre de Montoire ou l’attentat du 20 juillet. Pour les années 1938-1940, il est beaucoup question de Churchill (même lorsqu’il n’est pas encore Premier Ministre!) et de l’Angleterre, et bizarrement presque jamais de la France. On sera peut-être surpris de la rapidité avec laquelle sont traités certaine grandes opérations de la guerre, mais l’attrait du livre est ailleurs: on rencontre des dizaines de personnalité Goering, Ribbentrop, Mussolini, Kesselring, Jodl, Milch, Anonescu et autres Puttmaker, prétexte à en apprendre davantage sur leurs personnalités. Que Below ait été un fidèle récompensé gracieusement de Hitler (qui lui écrit une lettre manuscrite de bon rétablissement après l’attentat du 20 juillet…), qu’il ait assisté à des opéras dans sa loge, que son épouse se soit liée d’amitié avec Eva Braun, etc, tout cela ne laisse pas de surprendre quand on observe que l’intéressé s’en est plutôt bien sorti après la guerre, en dépit d’une incarcération assez dure: Below a bénéficié du contexte de la Guerre Froide. Il manque bien sûr le moindre mea culpa, la moindre compassion ou la moindre honnêteté concernant le drame de la Shoah. Quand Below évoque les crimes, il feint de les avoir ignorés… Quand il décrit le sinistre camp de Dora, que j’ai eu moi-même le privilège de visiter en compagnie d’anciens déportés de Mittelbau, il ose prétendre que les détenus éteint correctement traités! Ses propos et appréciations pour intéressantes qu’elles soient, doivent toujours être replacées dans le contexte, c’est à dire le point de vue d’un aristocrate proche de Hitler, et toujours avec le souci de corriger son manque d’objectivité. On sourit lorsqu’il est question du « désintéressement personnel » de Rommel lorsqu’il est question de la création de l’Afrikakorps… On est également surpris quand Below suggère que Hitler aurait envisagé dès le début la possibilité d’une campagne contre l’Union Soviétique en deux temps, avec une seconde opération en 1942. Il est au final beaucoup question de politique et de stratégie. Très intéressant pour les passionnés.